Façades

Dans la tempête

Cliquez sur l’image pour découvrir la façade telle qu’elle est de nos jours

Quand les flots recouvrirent tout, on ne pouvait pas dire qu’Hector Testempic n’avait pas tout prévu. Son vaisseau était prêt. Et quand les jours commencèrent à pleuvoir sans répit, son visage arbora un sourire rempli de pensées revanchardes.

Ils s’étaient bien moqués de lui quand il leur avait dit qu’un jour il tomberait tant et tant d’eau que Roubaix entière serait recouverte.

« Ah, il faudrait déjà que le niveau de la mer monte jusqu’ici, lui avaient-ils rétorqué ! »

Et il était monté jusqu’à Roubaix. Et ce fut rapide. La mer passa par le canal de la Deûle et de l’Aa et se glissa comme un serpent jusqu’aux premiers bourgs de la ville. Bondues, Linselles et de nombreux autres villages furent immédiatement recouverts,. Les maisons disparurent progressivement sous un bain d’eau, de boue et de branchages, dans lequel surnageaient quelques bovins et gallinacés qui étaient tout autant surpris que leurs maîtres.

On évacua.

Une longue file se forma de Lille, Roubaix, Tourcoing en direction de l’est. Les routes furent aussitôt encombrées et de nombreuses disputes éclatèrent.

Hector, lui, regardait tranquillement le torrent de vagues envahir les rues de Roubaix. La place du Trichon, où se dressait son immeuble, disparaissait peu à peu sous une masse grise et opaque pleine de déchets, voitures, débris, nageurs malgré-eux, chiens, chats qui essayaient de se réfugier sur les toits.

Quand la hauteur des flots toucha le bas des premières fenêtres, il actionna un levier et son immeuble se détacha du sol, trois mats se dressèrent instantanément du toit, un gouvernail apparut, dans les premiers étages, un immense ballon se remplit de gaz et se gonfla, faisant passer la densité de l’immeuble de plus dense à moins dense que l’eau. Peu à peu, son engin prit la vague et il le dirigea d’une main ferme en mettant le cap vers des cieux plus cléments.

Partager